Le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme

Pourquoi personne n’est épargné ?

Le blanchiment d’argent et le 1inancement du terrorisme constituent des menaces majeures pour la sécurité économique mondiale, mais pas que : ces deux 1léaux ne se contentent pas seulement de perturber l’économie, ils touchent aussi directement les citoyens dans leur quotidien à travers l’insécurité, l’érosion de la con1iance aux institutions et l’aggravation des inégalités.

En effet, en permettant aux criminels d’injecter des fonds illicites dans l’économie légale, souvent par le biais d’investissements commerciaux ou immobiliers, le blanchiment d’argent à lui seul alimente le crime organisé, exacerbe les inégalités sociales tout en fragilisantles institutions publiques avec pour conséquence la diminution de la con1iance des citoyens envers les systèmes économiques et politiques. Le 1inancement du terrorisme quant à lui, implique la collecte et l’utilisation des fonds pour soutenir les activités terroristes qui menacent directement la sécurité internationale.

Aujourd’hui plus qu’hier, la lutte contre ces phénomènes ne relève plus seulement de la sphère 1inancière ou judiciaire, elle implique la socié té civile toute entière ; De l’avocature au notariat, en passant par l’expertise comptable, la construction, l’Horeca, le commerce des véhicules d’occasion… presque tous les secteurs sont exposés aux risque de blanchiment d’argent et de 1inancement de terrorisme. Plus encore, du continent africain au continent européen, en passant par l’Amérique et l’Asie les conséquences des dégâ ts causés par le blanchiment d’argent et le 1inancement du terrorisme se manifestent au-delà des frontières et nécessitent dès lors une action collective pour la sécurité mondiale. 

QUELQUES SECTEURS TOUCHÉS PAR LE BLANCHIMENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME

En s’appuyant sur le dernier rapport de la Cellule de Traitement des Informations Financières belge (CTIF), on s’aperçoit qu’aucun secteur n’est épargné, et de nouveaux secteurs d’activités sont même désormais explorés par les criminels.

1) Le secteur financier et bancaire : un repère classique des criminels financiers

La question qu’on pourrait se poser est celle de savoir pourquoi les banques sont-elles les principales cibles des criminels 1inanciers ?
Parce qu’elles jouent un rôle central dans l’économie mondiale, en facilitant les échanges 1inanciers et la gestion des fonds, les banques constituent par la même occasion la cible pré férée des criminels. A cet effet, et de manière basique, les banques assurent une multitude de services 1inanciers tels que : la gestion des dépôts et des transactions moné taires – les transferts internationaux de fonds – l’accès aux produits 1inanciers (assurances, investissements, crédits …) – la convertibilité des devises.

Cependant, la complexité de leur structure, la portée internationale des services qu’elles proposent permettent aux criminels de masquer l’origine illicite des fonds et de les réintégrer dans l’économie légale. Ces faiblesses du système bancaire et 1inancier se résume en : 

  • La mondialisation et les transferts internationaux (1)
    C’est ainsi qu’un terroriste va recevoir des fonds via une banque européenne en provenance d’une organisation caritative basée au Moyen-Orient. Tout comme un réseau criminel va dissimuler des fonds du trafic de drogue en fractionnant les dépôts dans plusieurs banques (smur1ing) pour ne pas éveiller les soupçons
  • L’anonymat et la complexité des structures financières (2)
    Les Panama Papers nous ont d’ailleurs permis de voir comment les criminels utilisaient les banques pour
    masquer les véritables béné 1iciaires de leurs participations dans ces socié tés.
  • Les failles des systèmes de contrôle bancaire (3)
    C’est justement pour des raisons de contrôles insuf1isants, que la banque HSBC a par exemple é té
    sanctionnée pour avoir facilité le blanchiment des fonds provenant des activités de cartels mexicains.
  • L’implication volontaire de certaines banques corrompues4
    C’est dans ce contexte que la banque danoise Danske Bank a é té impliquée dans le scandale de blanchiment
    d’argent de près de 200 milliards de d’euros via sa 1iliale en Estonie. 

(1) Les deux phénomènes de BA/FT s’appuient sur les transferts de fonds entre di<érentes juridictions pour échapper aux contrôles.
(2) Plusieurs structures financières facilitent les activités de BA/FT. Les sociétés offshores, les comptes numérotés et les trusts permettent de masquer les véritables bénéficiaires des fonds.
(3) Nonobstant les régulations, certains établissements bancaires ne respectent pas toujours les règles de
conformité en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
(4) Il est arrivé que les banques ferment les yeux sur les fonds suspects pour attirer de la clientèle et maximiser leurs profits. 

2) Le secteur immobilier : le refuge par excellence des fonds illicites

L’acquisition d’un bien immobilier concoure à la phase d’intégration du processus de blanchiment d’argent.
Dans le cadre de cette activité, plusieurs acteurs sont amenés à identi1ier les transactions suspectes : les agents immobiliers, les avocats, les notaires, les comptables…

Au cours de ces dernières années, certaines unités nationales de renseignements ont identi1ié plusieurs
schémas transactionnels tels que :

– Le blanchiment de l’argent du trafic de stupéfiants via la rénovation d’une villa :
Dans ce cas précis, le processus est le suivant :
Une personne active dans le trafic de stupéfiants va acheter une grande villa à rénover. Pour cela, elle va contracter un prêt hypothécaire pour la moitié du montant et 1inancer le reste grâce à « l’épargne » versée en espèces sur le compte. Par la suite, elle va déclarer à la banque qu’elle dispose d’un revenu irrégulier provenant de sa propre socié té active dans le secteur des transports. Elle va indiquer qu’elle s’occupera elle-même d’une grande partie des travaux de rénovation. Cependant, les revenus « of1iciels » sont issus d’un virement en provenance d’une autre banque, revenus qui ont été versés en espèces dans ledit compte et qui proviennent en réalité du tra1ic de stupéfiants.

Enfin, pendant quelques années (1) , la personne va rembourser correctement le prêt bancaire et effectuer les travaux de rénovation en versant en espèces des fonds non déclarés, avec quelques factures of1iciels pour l’installation du gaz et de l’électricité en vue du contrôle de conformité. Les fonds versés en espèces non déclarés ayant servi à la grande partie de la rénovation provenant du trafic de stupéfiants. Pour un « franc succès » de son opération, et après avoir habité la villa pendant 5 ans (2), la personne va vendre la villa et réaliser une plus-value importante. Elle aura ainsi blanchi une importante somme en liquide (travaux de rénovation payés en liquide) tout en réalisant un béné 1ice supplémentaire au moment de la vente (3).

(1) Au moins 3 ans.
(2) Aucune plus value n’étant taxable après plus de 5 ans pour ce qui concerne la Belgique par exemple.
(3) Les principales infractions sous-jacentes dans cette opération : le trafic de stupéfiants, fraude fiscale, fraude sociale, traite des êtres humaines.

3) Le blanchiment d’argent à travers le commerce des biens de luxe

Les bijoux, et des voitures de luxes sont considérés comme des vecteurs pour blanchir des fonds d’origine illicite. De par leur valeur moné taire, les montres, bijoux et voitures de luxe sont souvent considérés comme des monnaies parallèles, et dès lors utilisés comme des marchandises dans le cadre des opérations de blanchiment; ils sont souvent ainsi acceptés comme gage ou mode de paiement dans le milieu du tra1ic de drogue.
Les principales infractions sous-jacentes dans ces opérations sont constituées par la corruption, le crime organisé; la fraude fiscale grave, le trafic illicite de biens et de marchandises, trafic de stupéfiants.

4) Le blanchiment d’argent à travers le football

Aussi étrange que cela puisse paraitre, le football peut servir de vecteur à des activités criminelles, telles que la corruption, la fraude 1iscale grave… Les raisons du risque élevé en termes de blanchiment d’argent semblent résider dans les sommes énormes payées aux joueurs, les structures opaques mise en place dans les transferts, la situation 1inancière souvent précaire dans laquelle se trouvent plusieurs clubs, avec pour conséquence un manque d’examen critique
concernant les investissements potentiels. On peut aussi noter le lien avec le secteur des jeux, qui présente
un risque de trucage des matches et de corruption.

L’un des schémas transactionnels de blanchiment en la matière se caractérise par :
a) L’agent du joueur reçoit de l’argent en cash de la socié té d’un propriétaire de club provenant de la fraude fiscale
b) L’agent fait en sorte que l’argent soit déposé sur le compte de sa société maltaise
c) Par l’intermédiaire de la société maltaise de l’agent, l’argent est transféré sur le compte bancaire d’un autre pays où il réside ou détient un compte
d) L’argent est ensuite retiré en espèces du compte versé à un joueur du club dont l’UBO de la société frauduleuse est également le président.

LE BA/FT, UN FLEAU AUX CONSEQUENCES SANS FRONTIERES

1) L’Afrique : une région vulnérable aux 1lux illicites
Dans cette région du monde, le blanchiment d’argent est à l’origine du sous-développement, de la privation des populations de services publics et de l’instabilité politique. Cette situation est favorisée par la corruption, les dé tournements de fonds publics, l’exploitation des ressources naturelles pour 1inancer des groupes armés.
Il ressort des différents rapports des Nations Unies qu’en République Démocratique du Congo par exemple,
les groupes rebelles sont 1inancés par le commerce des minerais.

2) L’Europe et les Etats-Unis : cibles du blanchiment d’argent et du 1inancement du terrorisme à grande échelle
Ces deux parties du monde sont considérés comme des centres 1inanciers majeurs qui facilitent au mieux l’intégration des fonds blanchis dans l’économie légale. A cet effet, le scandale des « Panama Papers » a révélé comment les élites européennes et américaines utilisent les paradis 1iscaux pour cacher des fortunes d’origine douteuse.

3) L’Asie et Moyen-Orient : un corridor 1inancier sous surveillance
Ces deux régions occupent une place stratégique dans le système 1inancier mondial en raison de leur dynamisme économique, de leurs centres bancaires majeurs et de leurs liens commerciaux internationaux. Cependant, ils constituent par la même occasion des cibles pour les criminels cherchant à blanchir de l’argent ou à 1inancer des groupes terroristes.
Le système « Hawala » par exemple est très utilisé au Moyen-Orient et en Asie du sud, il permet des transferts d’argent anonymes et dif1iciles à tracer ; ce qui favorise le 1inancement des groupes terroristes opérant en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.

LES ESCROQUERIES LES PLUS COURANTES UTILISEES POUR FINANCER LE TERRORISME

Sans le savoir, notre utilisation quotidienne des outils informatiques nous expose à la participation d’un réseau criminel de 1inancement du terrorisme, ceci à travers certaines formes d’escroqueries :

– Les deepfakes et l’usurpation d’identité
A travers l’intelligence arti1icielle, les escrocs reproduisent les vidéos et audios réalistes imitant la voix ou l’apparence des personnes in1luentes. Les fraudeurs utilisent ces deepfakes pour se faire passer pour des stars, des PDG et demander des virements urgents à leurs cibles. En janvier 2025, une française a ainsi été victime d’escrocs nigérians se faisant passer pour l’acteur américain Brad Pitt avec un compte bancaire vidé pour plus de 800.000 euros, fonds qui pourraient servir à 1inancer les activités du groupe terroriste Boko Haram

– Les ransomwares et attaques informatiques
Dans ce contexte, certains groupes terrorismes s’associent à des hackers pour infester des entreprises et demander des rançons en cryptomonnaies reconnues pour leur anonymat. Ces fonds vont ê tre utilisés pour 1inancer l’achat d’armes, du matériel ou de la logistique d’attentats.

– Les fausses plateformes d’investissement et de dons
Cela se manifeste à travers la création de fausses plateformes de trading, à travers lesquelles les victimes investissent sans savoir que leur argent est redirigé vers des réseaux criminels ou terroristes. On a ainsi pu observer que des plateformes de collecte de fonds en bitcoins ont é té utilisées pour 1inancer Daech.

– Le phishing et la fraude bancaire
C’est le vol des données bancaires via des emails frauduleux, avec pour conséquence le vidage des comptes
des victimes. Des cartes bancaires volées en Europe ont ainsi servi à acheter du matériel pour les attentats
en Irak et en Syrie (1)

(1) Voir le dernier rapport du Conseil de l’Europe du 12 mars 2018 sur le financement du groupe terrorisme Daech.

EXIGENCE D’UNE MOBILISATION GLOBALE

La dimension internationale du phénomène du blanchiment d’argent et du 1inancement du terrorisme et ses conséquences sur l’ensemble des pays du monde continue de ruiner les efforts de régulation et de coopération internationale des institutions internationales (1). Il convient pour la collectivité de se joindre à ces efforts pour faire de la lutte contre le BA/FT une responsabilité collective : des institutions 1inancières aux autorités de régulation, en passant par les entreprises et chaque citoyen, chacun a un rôle à jouer pour préserver l’intégrité de notre économie et la sécurité de nos socié tés. Et pour vous accompagner dans cette démarche, Predict-Corp s’engage à vous assister dans votre démarche de conformité aux exigences régulatoires internationales, régionales et internationales en matière de lutte
contre les crimes 1inanciers.

(1) Telles que Interpol, le GAFI, Europol et le FMI…