Un an de coordination nationale contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive au Cameroun

 Le 30 octobre 2023, le Cameroun franchissait une étape cruciale dans sa lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme en créant le Comité de Coordination des Politiques Nationales de Lutte Contre le Blanchiment d’Argent, le Financement du Terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive à la suite du Décret présidentiel N°2023/464 du 30 octobre 2023. Cet organe dédié à la centralisation et à la supervision des actions de lutte contre les crimes financiers, a marqué le début d’une nouvelle approche nationale, fondée sur la prévention, la coopération interinstitutionnelle et la mise en conformité avec les standards internationaux. L’occasion de rappeler que cette décision présidentielle est l’une des premières réactions du Cameroun à la suite de son placement sur la liste des « pays sous surveillance renforcée » (liste grise) du Groupe d’Action Financière (GAFI) le 23 juin 2023.

Un Contexte Régional et International Déterminant

La création de ce comité arrive à un moment où la région ouest-africaine intensifie ses efforts pour se conformer aux exigences du Groupe d’Action Financière (GAFI), l’organisme international de référence en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.

A cet effet, et d’un point vue positif le Sénégal qui était depuis plus de 3 ans sous surveillance est officiellement retiré de la liste grise à l’issue de la réunion plénière du GAFI tenue à Paris le 25 octobre 2024.

Par contre, d’un point de vue plutôt négatif l’exemple de la Côte d’Ivoire, inscrite ce même jour du 25 octobre 2024 sur la « liste grise » du GAFI, est un rappel pour l’ensemble des pays de la région à la surveillance et à la rigueur pour éviter des répercussions néfastes sur le plan économique et politique. Cette inclusion souligne la vigilance internationale envers les économies vulnérables au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme et invite le Cameroun à redoubler de vigilance.

Bilan d’une Année de Réformes et de Sensibilisation au Cameroun

Depuis la mise en place du Comité, plusieurs actions stratégiques ont été engagées pour renforcer les dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent au Cameroun.

Parmi elles :

  1. Renforcement de la régulation financière : Sous la coordination du ministre des finances, Louis Paul MOTAZE et en présence du Directeur général de l’Agence Nationale d’Investigation Financière, les magistrats et les officiers de police judiciaire avaient déjà entamé en mars 2022 un vaste programme de formation sur la gestion des dossiers de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
  2. Sensibilisation et formation : Des programmes de formation, de nombreuses séminaires ont été lancés pour les acteurs financiers, les entreprises et les autorités judiciaires, afin de promouvoir une compréhension approfondie des risques et des processus de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme sur l’ensemble du territoire national.
  3. Coopération internationale : Le Cameroun a renforcé sa collaboration avec des organisations internationales et des agences spécialisées, mettant l’accent sur l’échange d’informations et les enquêtes conjointes. Cette stratégie permettra au Cameroun de se préparer aux audits internationaux du GAFI et de démontrer son engagement face à la menace croissante.

Les Défis à Relever

La tâche reste cependant ardue au regard des recommandations découlant de la décision du GAFI de juin 2023. La persistance des flux financiers illicites particulièrement dans les régions en guerre et les vulnérabilités institutionnelles dans l’ensemble du pays posent des défis majeurs. Le Cameroun, conscient des risques d’une éventuelle inscription sur la « liste noire », doit redoubler d’efforts pour améliorer ses capacités de surveillance et d’enquête, tout en instaurant des mécanismes de suivi efficace.

La création de ce Comité a néanmoins offert une impulsion décisive et une direction claire vers une gouvernance plus transparente et résiliente. Un an après sa création, les progrès réalisés montrent l’engagement du Cameroun à être un acteur fiable sur le plan national, régional et international et à prévenir les risques de réputation et de sécurité inhérents à ce fléau.

Une Vision d’Avenir

En célébrant ce premier anniversaire, le Cameroun réaffirme son engagement à protéger son économie des pratiques financières illicites et à consolider sa crédibilité sur la scène internationale. La mise en place concrète de ce comité, avec ses partenaires nationaux et internationaux, reste déterminant pour anticiper et endiguer les menaces en constante évolution, veillant ainsi à assurer la stabilité et l’intégrité du système financier du pays.

À mesure que le GAFI et d’autres organisations multiplient leurs contrôles, le Cameroun pourra ainsi être prêt à relever le défi pour continuer sur la voie d’une économie transparente et sécurisée, protégeant ses citoyens et renforçant la confiance des investisseurs.